Le debunker des onlinismes Goréens, partie 3
Les goréens ne sont pas sadiques
En fait, si, ils le sont ; mais il faut se placer dans le contexte des romans et dans la tête de Norman pour relativiser le propos. Les goréens décrits par Norman souffrent peu de tares psychologiques innées ou acquises et les psychopathes divers y sont fort rares et, de toute évidence, ne font pas de vieux os. Les goréens répriment toute violence gratuite sur les hommes, les femmes et les enfants, mais ceci s’arrête aux LIBRES.
Les esclaves, elles, sont faites pour être maltraitées et battues à l’envie et sans besoin de justification. Leur souffrance et leur mort ne sont que de relativement peu de conséquences et se défouler sur elles est parfaitement normal pour les goréens ; c’est aussi leur rôle. Et puis, plus on est riche sur Gor, plus on peut s’offrir de caprices pervers et choquants, mais qui, ne frappant que les esclaves, n’est donc pas grave ; les kajirae d’élevage vierges, ignorantes des hommes, sacrifiées à 15 ans pour une nuit de débauche, c’est seulement un bon exemple parmi d’autres. Il suffit aussi de se rappeler des détails sordides du jeu goréen de « l’attrape-fille ».
Donc, les goréens peuvent être sadiques à nos yeux et ils le sont bel et bien. Simplement, eux ne voient pas le sadisme comme s’appliquant aux esclaves ; de plus, ils savent le canaliser et les débordements meurtriers sanguinaires sont limités aux esclaves et restent peu communs.
– « N’importe quoi », dit-il : « Ce n’est qu’une esclave. »
– « Peut-être que Samos a trouvé un esclave d’amour », dis-je.
– « Une Terrienne ? » s’exclama Samos en riant.
– « Peut-être, » dis-je.
– « C’est sans importance, » dit Samos. « Ce n’est qu’une esclave, une chose à servir, à battre et à maltraiter, si cela me plaît. »
Explorators of Gor
Les esclaves sont incapables de mentir
Même avec le plus sévère dressage et la meilleure des éducations, les esclaves savent mentir et cacher la vérité. Ceci dit, oui, la parfaite kajira goréenne est décrite comme incapable de cacher quoi ce soit de ses émotions et ne saura pas mentir sans se faire prendre. Mais la plupart des esclaves n’ont pas du tout ce niveau de conditionnement et, dans le monde cruel, humiliant et injuste qu’est le leur, le mensonge et la dissimulation sont des nécessités de survie.
Plus une kajira a de l’expérience, plus elle sera capable de mensonges convaincants, pour assurer de rester en vie. Encore une fois, j’en parle ici longuement, le devoir des esclaves est une nécessité de survie et savoir plaire et être dévouée à tous les maitres, y compris les plus durs ou injustes, ne pas les froisser et s’attirer leurs bonnes grâces, nécessite un bon talent d’acteur. Norman lui-même décrit aussi les kajirae goréennes comme rusées et fausses, selon les moments, dans les romans…
Les esclaves sont très nombreux
Paradoxe entre les propos des romans et les différentes interprétations de Norman lui-même, on comprend que 1) l’esclave mâle de travail ou l’esclave femelle destinée aux services et aux plaisirs sont des produits de consommation relativement répandus, ben que restant un luxe et 2) que le taux réel d’asservissement dans l’ensemble de Gor est bas.
D’un côté, entre les élevages qui fournissent la majorité des filles-esclaves et les raids et captures de guerre, les esclaves ne manquent pas. De l’autre, ce n’est pas non plus un truc qui se trouve répandu partout. La moyenne à l’échelle du monde de Gor, qu’on pourrait estimer peuplé d’environ 350 à 450 millions d’humains, est de 2 à 3% d’esclaves, ce qui donnerait environ 7 millions d’esclaves. Mais dans les cités-états, ce taux monte à 10%, voire à 20% pour les plus grandes villes. Ar et son million d’habitants compterait un total de 200 000 esclaves, par exemple. Si vous vous dites que c’est beaucoup, la Rome impériale du 1er siècle et son million d’habitant en comptait, elle, environ 350 000 sur la population totale.
L’esclave est un produit répandu, mais cher, car pas si courant. C’est ici que le paradoxe des écrits de Norman pose problème, car des esclaves s’y échangent parfois pour le prix de quelques miches de pain, ce qui est absurde si les esclaves sont peu répandus et que leur dressage (les romains ne dressaient pratiquement pas leurs esclaves… ils leur disaient juste, en général : tu fais ce qu’on te dis ou tu souffres et tu meurs) coûte cher. C’est un métier et un art, dans Gor, pas seulement une fonction. Aussi les esclaves valent-ils plutôt le prix d’au moins un tarsk d’argent (le cochon de Gor sur pied) et sans doutes beaucoup plus cher dès qu’on parle d’esclaves dressés… après tout, c’est un luxe.
Les compagnonnages sont des mariages
Pas du tout, bien entendu et d’ailleurs, si les compagnonnages peuvent être fêtés en grande pompe, il n’y a aucun serment public entre les deux parties, aucune cérémonie d’union ! Désolée les fans des rites de mariage, ça n’existe pas sur Gor !
Le compagnonnage est un contrat de vie commune, oral ou écrit, entre deux parties, qui sont les parents et la famille des deux futurs compagnons et certifié par témoin. L’enjeu de ce contrat est avant tout l’enfantement et l’assurance d’avoir des héritiers, en échange de quoi se négocie alors l’union des moyens des deux parties, l’échange d’alliance diplomatiques ou commerciales, voire des dotes, ou des accès dans l’échelon social des castes. Techniquement, l’homme et la femme n’ont même pas leur mot à dire, la femme encore moins : ce sont leurs chefs de famille qui organisent et gèrent le contrat de compagnonnage.
Un contrat de compagnonnage dure un an minimum. Il peut être renouvelé, ou durer plus longtemps. Certains contrats sont signés à vie.
Chaque taverne ou auberge a une « serve » ou « servery »
Ben non, parce que le mot n’existe ni en anglais, ni en français. Si vous voulez parlez de l’espace de cuisine, de préparation et de transfert des plats dans ce genre de lieu, ou appelle cela un comptoir (comme un comptoir de cuisine). Le mot anglais est counter.
Servery n’est pas seulement un onlinisme, c’est aussi un néologisme : un mot inventé.