La sécurité émotionnelle en JDR sur Gor
La sécurité émotionnelle pour les participants à du jeu de rôle sur SL est une forme de procédure de prudence, qui concerne l’aide à la gestion de tout ce qui peut affecter les émotions des participants, les joueurs, derrière les rôles qu’ils incarnent.
Le principe, c’est d’employer des outils relationnels simples pour que tout le monde s’amuse. Rappel : en jeu de rôle, tout le monde doit pouvoir s’amuser, ensembles, et de manière consensuelle ; il n’y a pas de notion de gagnant ou perdant, puisque le but est que tout le monde s’amuse. Il peut y avoir des défaites temporaires, mais c’est pour mieux relancer une intrigue amusante. Finalement, le seul moment où on peut « perdre », c’est si notre personnage meurt.
Par contre, il y a quelque chose qui peut gâcher l’amusement : c’est le stress émotionnel quand il devient ingérable. Et la sécurité émotionnelle est un outil fait pour éviter qu’un joueur subisse ce stress, et ne s’amuse plus du tout.
Les outils de la sécurité émotionnelle sont là pour éviter les pires stress que peut endurer un joueur : de la peur panique des araignées pour un arachnophobe à la sensibilité exacerbée d’un joueur à une scène déchirante qui éveille en lui de véritables souvenirs douloureux : sans oublier toutes les formes de stress intense, qui peuvent être provoqués par des scènes d’agressions actives ou passives liés à de la violence, ou de la discrimination.
À ce titre, il faut rappeler que le monde de Gor est non seulement violent et injuste, mais surtout sexiste et misogyne. Ce qui d’une part est, de toute évidence, un contexte qui peut très vite déraper et affecter négativement les joueurs eux-mêmes, et, d’autre part, attire des joueurs qui sont VRAIMENT sexistes et misogynes (et aussi racistes, homophobes, etc.).
Qui créera un personnage féminin doit être parfaitement au fait des risques que prends son personnage dans le monde de Gor: on ne peut évacuer ce sujet de l’univers. Mais tout le monde doit s’amuser de manière égale, consensuelle et plaisante, sans se sentir opprimé lui-même par le rôle qu’il joue. Pour s’assurer de cette sécurité, il y a différents outils que je vais décrire ici.
Jouer full roleplay ou non ?
Une chose que j’ai souvent entendu sur Gor SL c’est : ha mais moi je suis full RP (roleplay)… Sous-entendu : je n’ai absolument aucunes limites, c’est-à-dire aucunes règles de sécurité émotionnelles. Mais, si, tu en as, comme tout le monde, même si tu n’en as pas conscience ou que tu n’y pense pas.
Elles sont peut-être plus vastes, peut-être es-tu plus apte que d’autres à te détacher des émotions que vivra ton personnage, des drames qu’il va endurer, des souffrances qu’il va expérimenter, mais tu as des limites. Ne serait-ce que les limites éthiques et morales que personne ne peut décemment dépasser, sans oublier les limites légales que le CLIF de Second Life te force à ne jamais dépasser non plus.
Mais surtout, tu es humain : tu as des points de rupture, des hantises, des phobies, des contrariétés, des intolérances. Mais, SURTOUT, ce n’est pas parce que tu penses que tes limites sont larges ou que tu n’en a aucunes, que tu peux tout encaisser, que les autres autour de toi le peuvent ! Et tu joues avec eux ! Alors si toi, tu penses que tu n’as pas besoin de règles de sécurité émotionnelle, pense que les autres, si, et qu’elles dépendent de toi. Sinon, autant que tu joues en solo. Dans un jeu vidéo c’est cool : les personnages ne sont pas des joueurs, ils ne peuvent pas souffrir, seulement faire semblant !
1- Le contrat social
Le contrat social en jeu de rôle peut se résumer ainsi : ce qui va se passer pendant une scène de jeu et autour de la scène de jeu pourra être innocent ou sans conséquences pour les uns, mais troublant, voir choquant, pour les autres. La règle est donc que les participants se mette d’accord à ce sujet ; d’autant que la nature du monde de Gor fait qu’on est vite confronté à ces problèmes.
On ne va jamais forcément apprécier que son personnage soit mutilé, tué, maltraité, violé ou torturé en jeu. Pareillement, un roleplay érotique peut être amusant pour certains, mais terriblement gênant pour d’autres. Tout ce qui concerne le sexe, la mort, le sang et la violence, comme la discrimination, peuvent parfaitement choquer des joueurs.
L’outil le plus simple, ce sont les limites du personnage précisées par le joueur, qui sont souvent indiqués dans les favoris de l’avatar, et les règles de la sim, qui précisent elles aussi des limites à respecter. Mais il y a aussi une chose que tout le monde peut faire, directement, en jeu.
Le contrat social avant la scène
Le contrat social avant la scène consiste donc à ce que les participants à une scène qui va impliquer des éléments émotionnellement stressant se mettent d’accord par avance : quels seront les niveaux de violence physique et verbale, y’aura-t-il du sexe, et comment, etc ? En gros, c’est une petite discussion en IM qui peut se résumer par cet exemple :
Kael, un guerrier, a capturé deux filles panthères, désormais retenues dans une prison. Elles sont à genoux, attachées toutes les deux et, bien entendu, se débattent avec hargne et violence. Kael n’est pas vraiment un homme compatissant et compte bien mater les deux panthères sans prendre de gants.
Mais avant de commencer, constatant que les deux panthères ont peu de limites, sauf une limite de capture de 3 jours et qu’elles ne veulent pas que leur personnage meurt, il les contacte toutes les deux en IM :
– Kael : Ok, vous vous doutez que vos panthères vont passer un sale moment, mais je tiens à ce que ça reste amusant pour vous, donc, les filles, dites-moi ce que vous ne voulez surtout pas subir ?!
– Panthère 1 : Heu… si on peut éviter le sexe trop violent ? Si je suis en confiance, ça peut aller, mais je ne te connais pas.
– Panthère 2 : alors moi, ça va, mais par contre, s’il te plait, pas de mutilations et pas d’insectes, sérieux, ça me fait flipper !
– Kael : d’accord, pas de soucis… et au niveau violence et humiliation ? Kael est une brute, mais il est civilisé, alors je peux m’adapter à vous deux.
– Panthère 1 : Ha écoute, c’est sympa… si pour une fois on pouvait vivre cette scène avec autre chose que seulement des humiliations et de la brutalité gratuite juste pour que le mec montre qu’il est le plus fort, ça me changerait !
– Panthère 2 : Ce serait pas mal, c’est gentil de demander. Si nos panthères tombent, pour une fois, sur un goréen qui ne soit pas un barbare misogyne, ça pourrait changer un peu leur regard sur les hommes.
– Kael : ça me va les filles. Kael ne va pas être vraiment tendre ou gentil, mais il est humain, et il ne sera pas une brute gratuitement. Maintenant que je sais ce que vous voulez, on va rendre ça intéressant pour vous deux ! C’est parti !
Que ce soit clair, la réponse : « c’est Gor » n’est PAS une excuse ! Ce n’est PAS suffisant ! Ce contrat doit parfois se discuter en IM entre les joueurs quand une scène va contenir des éléments pouvant poser problème et qu’on le sait d’avance. Ainsi on se mets d’accord sur les sujets et thèmes à éviter d’aborder en général.
C’est un peu comme vérifier activement les limites de chacun… ça ne prend pas longtemps, mais c’est nécessaire, cela installe tout simplement une confiance mutuelle. Une fois ces sujets vérifiés et discutés de manière consensuelle, une fois ce niveau décidé, ils seront acceptés et respectés par tous. Personne ne pourra dire ne pas être prévenu et ne pas avoir pu donner son sentiment.
Les limites
Pour jouer, il faut connaitre les règles, car elles définissent les limites que vous devez respecter. Dans le jeu de rôle sur Second Life, il y en a 4 genres :
Le ToS de Second Life, que vous vous devez de respecter en tous lieux au risque de vous faire virer du jeu.
Les règles du fair-play, que je définis ici : Le fair-play, c’est d’être honnête avec quelque participant que ce soit, où que ce soit et dans quelque circonstance que ce soit. C’est de respecter chaque participant sans aucune autre considération qu’il participe, hors de son genre, de sa sexualité et de ses origines. Le fair-play c’est d’être maitre de soi, digne, amical et respectueux en toute circonstance. Dans le jeu de rôle, nous admirons les codes légendaires de la chevalerie courtoise, les règles de l’honneur du guerrier. Le fair-play, c’est son incarnation moderne.
Les règles de la sim où vous allez jouer, que vous devez lire avant de participer. Celles-ci indiquent quel genre de jeu se pratique, ce qui est permis ou pas, dans quelles limites, etc. Ne pas les lire, c’est prendre le risque d’être totalement hors-jeu et donc, de vous voir refuser l’accès au jeu de la sim.
Les limites dans le profil de chaque joueur avec qui vous allez jouer en incarnant votre personnage : celui-ci contient parfois des indications sur les limites que le joueur ne souhaite pas franchir dans une interaction de jeu de rôle. Il peut aussi contenir des informations de jeu destinées à être lues.
2- La précaution émotionnelle
Le principe est très simple, et s’applique durant la partie quand les joueurs sont en train de jouer. C’est utile TOUT LE TEMPS, que vous ayez lu ou non les limites, ou établies ou non un contrat social avant la scène. C’est vraiment un filet de sécurité à toujours employer !
Quand une scène de jeu de rôle va impliquer des actes et propos dont les contenus et conséquences sont de tout évidence violents, demandez en IM aux participants ciblés par cette violence si tout se passe bien. Prenez état de leur ressenti, en leur ouvrant la porte pour dire si cela va ou pas, et en parler.
Une scène violence englobe, mais sans que cela ne s’y limite : l’agression physique, la violence physique, la violence verbale, l’humiliation verbale, l’humiliation physique, le viol, la torture, la discrimination, les actes médicaux ou chirurgicaux et, le plus compliqué, la confrontation du joueur à sa phobie, à travers la scène en cours entre les personnages.
Demander « tout va bien ? » permet d’instaurer une confiance, de ne pas se laisser submerger par les intensités négatives de la scène dramatique et, ainsi, d’éviter des incompréhensions, des stress et des malaises qui vont juste, s’ils surgissent brutalement, mettre fin à tout plaisir de jeu pour tout le monde.
Ne prenez pas pour acquis que si une personne ne dit rien, c’est que tout va bien ! Demandez-lui ! Prenez de ses nouvelles, questionnez-la, simplement pour lui donner la possibilité de s’ouvrir à vous. Et n’oubliez pas que ce que vous pensez ne pas être troublant pour vous, peut l’être pour les autres. Parfois c’est quelque chose qui vous serait insignifiant, comme, par exemple, une scène qui implique des insectes ou des araignées.
Bien sûr, avec une foule entière, ça devient difficile. Donc, concentrez-vous, en tant qu’auteur ou acteur principal de la scène, sur celui ou celle dont le personnage est dans la posture la plus difficile, ou les joueurs dont vous savez qu’ils sont les sensibles ou exposés.
Encore une fois, cette technique sert à créer un cadre de sécurité émotionnelle, une complicité entièrement basée sur la bienveillance et la bonne volonté qui, sommes tout, a comme qualité première, qu’entre joueurs qui se connaissent, bientôt, cela ne sera plus utile. Une confiance mutuelle se sera forgée rendant cet outil inutile. Mais par prudence, si vous avez le moindre doute, utilisez-le !