Mes 10 expériences de romancière
En ce moment, je cumule les soucis de santé, et le dernier est douloureux : je me refais une sciatique depuis 4 jours et je viens de passer donc ma première vraie nuit de sommeil après 4 jours d’efforts majeurs pour fonctionner contre la douleur et, surtout, ne pas me laisser avoir par le piège de la sciatique : si tu cesses de bouger (parce que bouger fait trop mal), tu es bloqué et bouger te fera encore plus mal. Et surtout : ça durera encore plus longtemps.
Bref, je crois que je ne dois pas avoir touché à un crayon depuis deux semaines avec ces conneries. Mais par contre, j’ai joué de la plume et du clavier dès que j’ai pu parvenir à me concentrer un peu. Il faut dire que si je bosse pas, les Chants de Loss ne vont pas avancer sans moi, ça motive. J’ai aussi commencé à reprendre le tome trois : Les Forêts d’Arcis, sans oublier avoir avancé sur la suite d’Héritages.
Forcément, mon blog n’a donc pas été très actif ces temps-ci (c’est pas trop mieux pour le site des Chants de Loss), mais je pense que vous me pardonnerez le manque de news au vu des circonstances.
Et alors que je me prenais le chou sur le tome 3 des Chants de Loss et que je répondais aux nombreux mots postés sur Wattpad au sujet de mes romans depuis que ceux-ci ont été mis en avant dans les suggestions de la plateforme, j’ai réalisé que quand on me demande comment on écrit, j’ai souvent les mêmes conseils qui reviennent en tête… alors voici en bref, et à chaque fois en quelques lignes, ce que quelques années d’écriture m’ont appris sur tout ce qui concerne romancer, décrire et raconter. Ca marche autant pour des romans que pour du jeu de rôle, même si je pense plus aux romans ici :
1- Tout a déjà été raconté, il n’y a que la manière de le faire qui change : ouais, non mais ne rêvez pas, votre idée super-originale a déjà été contée 25 000 fois (et je grossis à peine le nombre) avant vous. Acceptez-le, car tout a déjà été écrit en terme de sujet. Ce qui change ? C’est comment on l’aborde. Cela veut surtout dire que le plus important n’est pas l’originalité de votre récit, mais celle du traitement de votre histoire, et c’est ce dernier point qui compte le plus !
2- Avant l’histoire, les personnages et leurs failles : La plus banale des histoires deviendra formidable si les personnages sont formidables, parce qu’avec eux, viennent leurs failles, leurs secrets, leurs faiblesses et leur propre histoire. Et soudain, le récit ne pourra plus être banal si vos personnages sont réussis, riches, profonds et intéressants. Et surtout, SURTOUT, s’ils ont des failles. Un personnage parfait n’a aucun intérêt… sauf si le but est de le faire chuter des sommets de sa perfection (coucou Jawaad ! ceci est un private joke sur mon roman Les Chamts de Loss) , car sa faille est alors de croire que cela ne peut pas lui arriver. Mettez des faiblesses, des douleurs et des peurs à vos personnages avant même de penser à leurs forces. Parce que souvent, leurs forces sont nés de leurs failles.
3- Ecrivez la fin : là, je pense que vous vous demandez ce que je raconte, hein ? Mais oui : écrivez le dernier chapitre de votre histoire, ou tout du moins son synopsis complet et la manière dont votre récit doit en arriver là et se conclure. Faites-le dès que vous avez pensé à votre récit et votre sujet et vos personnages. Faites-le même avant de commencer le début de votre histoire. Ainsi, vous allez garder en tête comment et où votre récit doit aller pour parvenir à son dénouement.
4- Faites un synopsis ! Corollaire : vous ne suivrez jamais votre synopsis : les premières fois, on écrit des histoires en roue libre et puis on avance sans aucun repère sans se demander où ça va aller. Autant prendre une bonne habitude : vous devez savoir où vous allez, et cela rejoints le point 3 : vous savez ainsi où vous vous dirigez et comment conclure et, synopsis de chapitre après synopsis de chapitre, vous avez ainsi la structure de votre récit. Mais cependant, et on rejoint le point 5 ci-dessous, jamais vous ne respecterez votre synopsis. Admettez-le aussi. Parce que votre histoire va vivre toute seule, et ce que vous croyez acquis et prévu s’avérera inadapté au fil de votre récit. Pour le tome 1 des Chants de Loss, j’ai réécris le synopsis 3 fois en cours de route. Pour le tome 2, 5 fois… Ça n’a rien d’un défaut, c’est un effet naturel de l’évolution de vos idées : votre histoire vit en tant qu’entité à part entière, ne la croyez pas figée.
5- Vos personnages font ce qu’ils veulent : je l’ai découvert avec surprise car on ne m’avait jamais prévenu de cela ; les personnages de votre histoire répondent à des dialogues et réagissent à des situations selon la logique de leur nature et le contexte des événements. Et ces réactions sont parfois à des éons de ce que vous avez anticipé en préparant votre histoire et votre synopsis. Cela peut influencer toute la trame du récit, bien que, d’expérience, cela ne l’altère pas… par contre, cela altère des scènes et des enchainements de scènes complets, qui soudain ne se passent pas du tout comme on l’avait imaginé. Et vous savez quoi ? N’essayez pas de forcer vos personnages à suivre les idées que vous avez anticipé. Laissez-les vivre, c’est ainsi que votre récit sera encore plus riche et lui aussi vivant !
6- Avant d’inventer renseignez-vous. La documentation n’est pas utile : elle est obligatoire ! Rien de ce que vous allez écrire n’est plus formidable que ce que le réel a pu concevoir et créer. Tout ce que vous allez écrire est d’une certaine manière déjà arrivé dans l’histoire et les sociétés. Alors n’inventez pas une culture ex nihilo sans vous cultiver sur les cultures humaines les plus étonnantes. Ne créez pas de ville fantastique sans vous renseigner sur comment fonctionne la structure et l’organisation des villes modernes ou anciennes. Ne décrivez pas la descente aux enfers d’un drogué sans vous renseigner sur l’expérience réelle de l’addiction, etc etc etc… Plus vous avez de références et de ressources sur lesquelles appuyer votre fiction, plus celle-ci semblera plausible et cohérente, même si vous avez tout réinventé derrière…
7- Tenez compte des critiques, mais ne suivez que celles qui sont riches d’enseignement : vous n’allez jamais plaire à tout le monde et plus votre récit intégrera de sujets politiques, sociétaux et autres éléments aptes à soulever la réflexion et la polémique, plus vous allez voir débarquer de gens mécontents de ce que vous avez écrit. La plupart du temps, une critique de votre travail tient sur la forme, le style, les erreurs littéraires, ou sur le fond et les sujets traités. Les premières sont souvent les plus importantes, les secondes les plus difficiles à interpréter. Tenez seulement compte des critiques les plus motivées, documentées et riches de contenu que vous pensez pouvoir exploiter. Les autres ? ignorez-les. Si elles sont polies et respectueuses, remerciez ceux qui ont pris le temps de les faire. Et celles qui ne sont que l’expression d’une indignation personnelle ? Vous n’en avez rien à foutre. Après tout, si vous avez intégré des contenus fait pour choquer, interpeller ou susciter la réflexion, vous devez vous attendre à ce que cela arrive. Et ceux qui n’aiment pas que vous l’ayez fait : ignorez-les, vous avez autre chose à faire… comme avancer votre histoire.
8- Le pire frein à la lecture de votre histoire, ce sont vos fautes : c’est une évidence pas forcément bien comprise, mais écrire est une affaire de fond et de forme. Il faut du style, de l’élan littéraire, de l’imagination, un talent à transmettre des émotions et enfin… un bon français. La meilleure des histoires avec deux fautes par ligne ne sera jamais lue par personne, parce que ce que verra le lecteur, c’est pas l’histoire : c’est les fautes. Se relire, corriger coquilles, fautes, ponctuation, grammaire, etc… c’est une part entière du travail, obligatoire. Sauf si vous vous fichez d’être lu, bien sûr.
9- Donnez-vous à lire, vous devez oser faire lire votre histoire : je parie qu’il y a des tas de bons romanciers qui n’existeront jamais parce qu’ils n’ont pas osé rendre publique leurs premiers écrits de peur que ce soit mauvais. Ils ont tort ! Il faut oser s’exposer et partager ses écrits. Il ne faut pas attendre d’avoir des retours immédiats, mais il faut commencer par l’effort de partager ses écrits et en recevoir des avis, tout en continuant à écrire sans attendre d’avoir ces avis. Ça finit toujours par venir. Mais sans le regard critique et l’émulation du lecteur, vous aurez l’impression d’être seul. Et déjà qu’écrire est un travail solitaire, si en plus vous restez totalement isolé avec juste votre histoire, vous avez toutes les chances de vous décourager au bout de 100 pages…
10- Osez écrire… vous verrez bien après ce que cela donne : c’est mon dernier conseil. Là encore des tas de bons romanciers n’existeront jamais parce qu’il faut oser le premier pas. On se fiche des idées de vos histoires, on veut vos histoires ! Alors osez commencer, écrivez, faites un chapitre ou deux ou trois, tous les conseils de préparation ci-dessus, à la rigueur, gardez les pour après cette première épreuve. Et bien sûr, faites lire vos premiers essais.
N’oubliez pas, ce sera ma conclusion, que le seul moyen d’apprendre, c’est de faire et de soumettre ce que vous faites à la critique. Que pour progresser, il faut aussi lire et relire des classiques proches du sujet que vous voulez aborder, ou même éloignés ! Moi, j’ai toujours de l’Hemingway, du Dumas et du Camus sous la main (c’est à des années-lumière de ce que j’écris), pour replonger dans le style de ces classiques que j’admire. Mais c’est après, quoi, plus de 1500 pages écrites ces trois dernières années, que j’ai commencé à progresser ? Je n’ose même pas relire mon premier roman. Mais je l’ai achevé, il est publié et fait rêver des gens. J’ai donc appris, et apprends encore.
Allez, osez ! Et j’espère que ces conseils vous aideront !
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