Le Manifeste des Paladins Chatoyants
L’association Aux Portes de l’Imaginaire, dont je suis membre, s’est décidé, hier, à prendre position sur les sujets sociaux autour de la communauté du jeu de rôle, après les polémiques engendrées par ce qui devrait être un non-événement et s’est avéré être le phénomène du moment qui bouscule tout le monde : dans la prochaine édition française par les Studios Deadcrow de Runequest et ce, avec le soutien total des auteurs et de l’éditeur d’origine (Chaosium), une convention fera que le terme meneur de jeu sera féminisé, partout, en « meneuse de jeu ». Y compris donc dans le titre de l’un des livres : le guide de la meneuse de jeu.
La frange des rôlistes masculiniste et réactionnaire est montée immédiatement au créneau avec des hauts cris et plein d’indignation : on sacrifie la langue à la cause des féministes hystériques, c’est la fin du monde et de la société, le jeu de rôle est mort, on n’est pas des femmes (rappelant qu’elles sont d’ailleurs fortement minoritaires dans le monde du JDR) et le neutre français est au masculin, on achètera pas Runequest, c’est inique, etc…
Moi, ces gars-là, je les appelais connards sexistes : connards, parce qu’ils défendent, dans le milieu social du JDR, des idéaux d’extrême-droite, avec toute la panoplie de discrimination, d’inégalité et de destruction assumée qui va avec ; sexistes, parce que dans le milieu des rôlistes, leur combat, c’est la lutte contre tout ce qui est progressiste, inclusif, et donc, par extension, féministe (ou qui simplement est porté par une personne avec une paire de miches). Le fait est que c’est une injure. Elle est assumée, mais par contre, c’était pas pratique pour tout le monde pour les désigner.
Depuis, nous avons trouvé et adopté un terme que nous employons tous pour parler de cette catégorie socio-politique de rôlistes : les Coucouilles. La définition ne change pas par rapport à plus haut, c’est en général par leur discours « c’était mieux avant », leur rejet de toute idée d’inclusion, de bienveillance mutuelle, de sécurité émotionnelle, de partage à part égale de respect et de dignité, leur indignation que la communauté du JDR soit « envahie par des hordes de paladins chatoyants pédés bienpensants féminazis sectaires haineux » et leur insistance à invoquer la tolérance à leur endroit alors qu’ils ne tolèrent rien par essence, qu’on les distingue. Ainsi que par beaucoup de mauvaise foi et une forte tendance à se cacher dans des trous sombres, osant parfois exposer leurs théories sur Youtube.
Bref, les Coucouilles sont une plaie pénible ; mais un peu comme quand on se cogne le gros orteil au pied de la table : ça fait mal, ça enrage sur le coup, on jure pendant 5 minutes et puis cela ne prête pas à plus de conséquences. Ils ne sont même pas nombreux, pas plus d’une trentaine actifs ; il faut dire que j’imagine la difficulté à recruter en trouvant de la positivité dans leur éventuel programme. Ils sont justes bruyants et aptes à pourrir avec aisance et sans débat aucun toute discussion autour du jeu de rôle, dès lors qu’on cause d’un sujet qui les fâche, au nom de la liberté d’expression, qu’ils convoquent pour se plaindre que personne ne veut débattre avec eux.
Mais ils sont vraiment bruyants. Et au milieu de tout cela, la grande majorité des rôlistes, qui se foutent de ces sujets, sont tout de même les premières victimes de ces saillies outrées et souvent difficiles à comprendre pour qui est néophyte.
C’est pour cela que l’association aux Portes de l’Imaginaire a décidé de mettre les choses au clair en prenant position. Notre tribune expose notre posture, les raisons de ce choix, la politique de notre association, notre action dans le monde du jeu de rôle, nos soutiens. Et elle est actuellement signée par près de 90 personnes, dont bon nombre de personnalités et professionnels du monde du jeu de rôle. Je vous laisse aller la lire et, si vous vous retrouvez dans son contenu, vous pouvez la parapher et ajouter votre signature à 90 personnes qui soutiennent cette tribune !
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